La Nouvelle-Calédonie : terre de contraste

« Ah que c’est beau ! L’exclamation avait jailli de mes lèvres malgré moi, tant le spectacle soudainement, se transformait. (…) Les berges de l’anse Vata, peuplée de cocotiers, de citronniers, de cactus, de banians restituaient à l’imagination, d’un seul coup, la féerie tropicale… »
J’espère que nos compagnons du Mérite, auront cette exclamation à l’instar d’Alain Laubreaux (journaliste et écrivain, 1899-1968), à la découverte de notre Caillou où la roche brille au soleil à la fois verte et ocre. Pourtant, une particularité moins connue de notre territoire reste celle de l’oralité dans les relations sociétales. A ce titre, l’historien Louis-José Barbançon, a pu qualifier la Nouvelle-Calédonie, du pays du « non-dit ».
« Je suis l’homme des longs palabres près du feu je sais l’histoire de mon peuple, (…) la généalogie des clans, je suis la mémoire, je sais les chemins, ceux qui sinuent dans nos cerveaux », Frédéric Ohlen (poète et romancier) rappelle l’importance du porte-parole du chef ; orateur ou la « bouche de chef » comme on le nomme à Ouvéa. Seul en effet, ce dernier à travers le verbe, donne un contenu mythique aux traditions du groupe. Par la parole et le rituel, il offre soit la
manifestation divine de l’être suprême soit celle de sa pensée en devenir, une manière de conserver le passé, maintenir l’imaginaire ou sceller les alliances du groupe.
« Écoutez donc ma parole vous qui voulez savoir ».
Bienvenue sur notre site de la section de Nouvelle-Calédonie ; terre d’exil, terre d’asile, de passions ou d’incertaine sur cette île du Pacifique, le pays de l’or vert, de l’igname et de l’araucaria. En outre, Jean Mariotti (écrivain, 1901-1975) indiquait dans le livre du centenaire : « La caractéristique véritable de la Nouvelle-Calédonie, ce n’est ni tel oiseau, tel paysage, ni même sa lumière si particulière, mais bien l’impression qu’elle laisse dans le souvenir. Même chez ceux qui l’ont peu appréciée, en apparence, au moment de leur séjour, elle demeure dans la mémoire comme ces parfums dont la rémanence est plus suave que le parfum lui-même. »
La Nouvelle-Calédonie, comme tous ces confettis de l’empire, vestiges de l’histoire mondiale, Jean-Claude Guillebaud y a déploré son tempérament de danseuse… Bref, les termes vous le voyez pour l’appréhender sont variées à l’infini.
En revanche, ce dont on peut être certain, c’est qu’elle ne laisse pas indifférent aujourd’hui comme hier, à l’heure où les principes d’un destin commun sont posés comme un ultime défi à relever par ses habitants. A ce titre, Gaston Kelman dans son livre Je suis noir et je n’aime pas le manioc, leur apporte une réflexion pertinente sur les trois éléments qui déterminent alternativement l’appartenance à la citoyenneté : l’hérédité, le lieu de naissance ou le choix de vie. En effet, « ce qui détermine mon existence, écrit-il, ce n’est pas tant d’où je viens que ce que je deviens. Ensuite on assume ses choix. On ne les subit pas ».
Alors, cher lecteur : « écoutez donc ma parole vous qui voulez savoir ».
Philippe PALOMBO,
Président de la section de Nouvelle-Calédonie